« Une fraude presque parfaite » de W. K. Black – Chapitre IV. La guerre sale de Keating contre le Bank Board.


Charles Keating est le dirigeant d’une caisse d’épargne dans le collimateur des inspecteurs et du Bank Board.

Entouré d’économistes, d’avocats, il dispose également de puissants relais dans la classe politique.

Autant que possible, il a fait feu de tout bois pour ameuter l’ensemble de la profession et les politiciens contre ceux qui l’empêchaient de « faire des affaires » … Son réseau tenait grâce à ses nombreuses libéralités envers des associations de tous ordres (NASSLS – document dont cette association est capable et autres associations récoltant des fonds pour les campagnes ).

Et « subventionner », cela « rapporte » … question de lobbying démultiplié et discret.
Mais il ne faut pas afficher son mépris envers ceux que l’on paie, c’est dévastateur !

L’homme porte un lourd passé de fraudeur.
Il a volontairement investi dans une caisse en grande difficulté. Il a largement payé pour obtenir l’accord de l’ensemble des actionnaires qui y ont vu là une occasion inespérée de « sauver leur avoir » au détriment des clients. Leur cupidité les a rendu complice et lâche.

Keating n’a pas eu a débourser le moindre cent pour cet achat. Une entreprise spécialisée a procédé à l’émission d’obligations de la société immobilière de Keating (ACC), auprès du public.
Le montant émis est largement supérieur au besoin de financement du rachat.
C’est ACC qui prend le contrôle de la caisse d’épargne, pas le patrimoine personnel de son « patron ». Elle a été achetée par Keating alors qu’elle connaissait déjà de graves difficultés financières.

Enfin, l’homme est un gros contributeur du parti républicain, il « a » des politiciens à sa main, dit la rumeur et il aime « faire des coups » (du genre, acheter une grosse quantité d’actions au prix « fort » et menacer d’une OPA hostile l’entreprise, obligeant ses dirigeants à racheter encore plus cher ses titres ou pratiquer le délit d’initié).

Pour couvrir ses activités douteuses, il recrute un cabinet juridique ou d’audit comptable de « haut vol » qui rend des conclusions favorables. Par cet avis « extérieur » (mais très bien payé par ses soins), il justifie et « blanchit » sa réputation.

Il entreprend de mettre hors état de nuire le Bank Board et son président, Gray, parce que ce dernier a déjà pris trois mesures préjudiciables à ses activités et qu’il est en train de mettre en place une 4ème mesure permettant de requalifier certains « prêts » en « investissements directs »  ayant valeur d’investissement capitalistique risqué pour la caisse d’épargne qui le finance.

Il élabore un plan pour évincer Gray et priver le Bank Board de tout pouvoir de supervision et contrôle : il veut mettre un « homme à lui » dans la place pour faire du lobbying et du dénigrement puis forcer Gray à partir.

Ce doit être le président Reagan (et son administration ) qui doit faire le sale boulot, via des suggestions et des parrainages persuasifs de parlementaires bien introduits…chantage au vote de lois budgétaires et autres, s’il le faut.

Le speaker de la Chambre des Représentants a participé à ce plan, pour sa perte. (article de journal, Auditions du Congrès, discours de démission en 1989)

Bref, il y a des luttes d’influences que l’auteur développe. Les séries télévisées « Dallas »  ou « Dynastie »  apparaissent comme d’aimables plaisanteries …

Documents complémentaires :
Les 5 de Keating
Toute les articles du Los Angeles Times sur Gray
Article du New York Times sur l’épargne « trouble » et le rôle de Gray
Article de Gray sur la crise des caisses d’épargne

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3 commentaires pour « Une fraude presque parfaite » de W. K. Black – Chapitre IV. La guerre sale de Keating contre le Bank Board.

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  2. mariethureau dit :

    Cela pose le problème très actuel de la relation entre politique et monde des affaires ! Hélas, je n’ai pas encore vu de réponse à ce problème.

    • fultrix dit :

      La première solution est l’étanchéité entre les deux mondes : intenable de nos jours où la mobilité et la liberté d’installation et d’exercice sont la règle.
      Autre solution : la commission de déontologie compétente sur la notion de pantouflage.
      Paul Cassia a évoqué le sujet dans son blog, en son temps :
      http://www.paulcassia92.fr/?p=6
      http://www.paulcassia92.fr/?p=101
      Il est dommage qu’avec les solutions existantes, certains parviennent à les court-circuiter …

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